Pisseleux 6fev1944 10:41AM
Par une matinée grise, un bombardier américain crêve les nuages au dessus d'un village et tombe en morceaux dans les rues: une tragédie et un double miracle vont unir le village et les Etats Unis de générations en générations.

Pisseleux 2014 Contact Pisseleux 2014
Les témoins des évènements et ceux qui ont fait vivre ce lien d'amitié franco-américain
Presson Roger
Effectivement, ce matin-la, c'était en hiver, je ne me souviens plus de la date, mais c'était un dimanche. J'étais dans la cour du pavillon (1) avec mon père. Le ciel gris, les nuages bas, l 'air humide, comme nous le connaissons dans notre région.
Nous avions l'habitude d'entendre les vagues d'escadrilles de bombardiers alliés survoler à haute altitude notre petite ville (2). Vers dix heures trente, onze heures, un bruit soudain d'avion en détresse se fit entendre. Surgissant des nuages, une masse sombre venait de passer au-dessus de notre tête. Un bombardier venait d'exploser, à la hauteur du Pont de Pisseleux, a deux cent mètres de la. En fait, j'avais neuf ans. J'habitais rue Beauséjour n°4 (3), tout près de l'avenue de la Gare. J'étais avec mon père et nous avons pris la direction de Pisseleux, Village a environ quatre cent mètres. Sur l’avenue de la Gare, dans le talus de la ligne de chemin de fer, avant le Pont de Pisseleux, nous avons bien distingué deux ou trois trous de bombes (heureusement pas explosées). (Elles ont été sorties par l'armée allemande et désamorcées dans la semaine qui a suivi). Arrives rue du Presbytère, a la scierie DEQUECKER, ou déjà beaucoup de monde était la, nous découvrons le désastre. Dans un arbre, sur la gauche, un aviateur pendait disloqué. Nous apprenions qu'un autre était tombe sur un tas de sciure, pas mort mais gravement blesse. L'armée allemande était arrivée et la circulation devenait difficile dans Pisseleux.
Nous avons pris la rue du Grand Montoir pour aller vers la route de Boursonne. Sur la plaine, vers le bois de Pisseleux, entre le Trou du Chat et le cimetière, trois ou quatre aviateurs gisaient sur le sol a demi enterrés dans la position assise, pas blesses, intacts dans leur tenue, casque sur la tête, les écouteurs sur les oreilles, avec les harnais de parachute, un mince filet de sang coulait du nez. Et cela, a neuf ans est reste grave dans ma mémoire. II faut dire que l'avion complètement disloqué par l'explosion, les divers éléments étaient éparpillés sur une vaste étendue. La majeure partie sur Pisseleux-village (un moteur au Pont de Pisseleux, le poste de pilotage dans une ferme près de la place (4) et d'après certaines personnes, la carlingue dans l'enceinte de l'ancienne ferme RAMBACH (5). Pour ma part, j'ai vu un morceau d'aile en foret, sur la gauche de la route de Boursonne , a la hauteur du poste de garde du Pre Gueu.
Cette journée, je ne l'oublierai jamais, et je me suis demandé bien souvent si l'aviateur du tas de sciure, s'en était sorti. Maintenant, je suis heureux de I ‘extraordinaire aventure de cet Américain, connaissant les divers détails et anecdotes, je me dis que cet homme a eu une formidable chance. Je voudrai bien le connaître. Chiche ?
4 rue Beausejour devenu le N° Villers-Cotterêts, ville voisine de la petite commune de Pisseleux an 1944
Pisseleux devenue Faubourg de Pisseleux après la fusion des deux communes en 1973
a 20 mètres de l'avenue de la Gare
Place de la Libération devenue Place des A.F.N.
Ferme RAMBACH devenue le lotissement de l'Orée du Bois.
Indeed, on that morning, it was in winter, I no longer remember the date, but it was a sunday. I was in the courtyard of a little house (4 Beausejour street, Villers-Cotterêts) with my father. The sky was grey, the clouds were low, the air was humid, as we usually have in our region. We used to hear waves of bomber squadrons flying above at high altitude near our little town. Around half-past ten, eleven o'clock, a sudden noise from an aircraft in distress made itself heard. Appearing suddenly from the clouds, a dark mass had just flown above our heads. A bomber had exploded, at the level of the Pisseleux's bridge, two hundred meters from there. In fact, I was nine years old. I used to be living in number 4 Beauséjour street, very close to the Train Station avenue. I was with my grand father and we headed to Pisseleux, a village located some four hundred meters away. On the Train Station Avenue, on the railway elevated ground, before Pisseleux bridge, we could clearly make out two or three bombs (fortunately unexploded). They have been taken away by the german army and defused in the following week. On arriving in Presbytere street, near the Deckequer wood factory, where a lot of people were already present, we discovered the disaster. In a tree, on the left, an airman was hanging dismembered. We learnt that another had fallen on a sawdust pile, not dead but severely wounded. The german army had arrived and moving around in Pisseleux became very difficult.
We followed the Grand Montoir Street to head to the Boursonne street. On the plain, towards Pisseleux wood, between the Trou du Chat area and the cemetary, three or four airmen were lying on the ground, half-buried, in a seated position, apparently unhurt, intact in their clothes, wearing a helmet on the head, their headphones on the ears, with parachute harnesses, a slim line of blood running from the nose.
And this, as I was nine years old, has remained etched in my memory. One must admit that the airplane was completely broken apart by the explosion, the different parts being scattered over a vast area. The major part on the village of Pisseleux (an engine on the bridge of Pisseleux, the cockpit in a farm near the place and, according to some people, the airframe in the Rambach farm enclosure. As far as I am concerned, I saw one wing part in the forest, on the left of the Boursonne street, at the level of the Pre Gueu guard post.
I shall never forget that day, and I much often wondered if the sawdust pile airman had made it out alive. Now, I am happy to hear from the extraordinary adventure of that american, knowing the different details and anecdotes, I tell myself that this man has been incredibly lucky. I wish I could meet him. I dare you to make it happen.
There have been contradictory reports about falling bombs, most of these saying these did not explode, some asserting they destroyed four houses. Current procedure for aircraft flying back with undropped ordnance was to defuse them inflight, which would imply these did not actually explode on impact.
The dismembered man was Jacob Kurtzberg, the sawdust pile one was Joe Pino, the airmen on the plain were Robert Leonard Miner, William Charles Weiner, but they can't have been three or four, for the closest ones had fallen north of the cemetary, and not in the area mentionned.