Pisseleux 6fev1944 10:41AM
Par une matinée grise, un bombardier américain crêve les nuages au dessus d'un village et tombe en morceaux dans les rues: une tragédie et un double miracle vont unir le village et les Etats Unis de générations en générations.

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Les témoins des évènements et ceux qui ont fait vivre ce lien d'amitié franco-américain
Extraits traduits du livre de Pete Flores évoquant les souvenirs de Joe Pino après la guerre.
Pete Flores racontant la jeunesse et l'engagment militiare de Joe Pino.

La vie lui a joué une difficile mélodie. Rendu orphelin à un jeune âge, il a lutté en sachant que ses parents, en des temps désespérés de son enfance, étaient impliqués pendant les années de dépression dans des aventures illégales. Il est devenu un solitaire depuis son plus jeune âge, se tenant à l'écart du tourbillon des années de dépression.
Il s'est battu contre les critiques qui venaient de son entourrage, s'immergeant dans un monde imaginaire avec sa collection de bandes dessinées. Il s'isolait du stress de ces temps éprouvants et essayait de trouver un renouveau personnel dans l'introspection.
Alors qu'il rejoignait ses parents adoptifs, la solitude commença à disparaître et un sentiment de proximité avec ceux qui l'aimaient lui offrit un tas de bonheur pour une fois dans sa vie. Au lieu de porter la culpabilité associée au commerce de ses parents, il combla son vide par les activités scolaires. Les Arts Plastiques étaient sa matière principale et la création de bandes dessinées son fort. Mais la distance qui le séparait d'une amitié durable était grande. Il lui arrivait de se faire des amis, mais il évitait la proximité de la camaraderie. Comme s'en souviennent ses camarades de classe aujourd'hui, il avait l'habitude de choisir ses amis avec précaution.
Il n'était pas rare pour Joe de rester assis tout seul alors que les autres se rassemblaient pour aller jouer à la balle ou discutter. Absorbé dans ses dessins de bandes dessinées il pouvait passer des heures dans un monde imaginaire. Les écoliers étaient pauvres et partageaient non seulement les secrets mais aussi les repas car il n'y avait pas grand chose à trouver dans le coin et avoir un sandwich à apporter à l'école était un luxe. Même après avoir terminé sa scolarité il a ressenti un vide dans sa vie.
Joe Pino était un homme humble. Peut-être que son humilité l'a empêché d'être reconnu. Il vivait dans un monde à lui. Il restait la plupart du temps tout seul et ne souhaitait pas faire la connaissance de quiconque autre que sa famille. Très peu de gens connaissaient ses humeurs et son humour car il était en réalité au fond de lui-même un homme d'humour. Il aimait dessiner. En dépit du manque d'éducation formelle en dessin, son amour de jeunesse pour les bandes dessinées lui a enseigné beaucoup de choses.
Ensuite la guerre est venue et a tiré des hommes et des femmes loin du quartier. Joe devait bientôt être le suivant.
La guerre a frappé en 1941. L'appel du devoir a pratiquement vidé les rues de El Paso alors que de jeunes hommes se sont portés volontaires pour servir. Des mères pleuraient alors que leurs fils s'en allaient à la guerre. La famille Flores a pleuré aussi, car ils avaient deux fils qui ont quitté les lieux au pas pour l'effort de guerre. Joe s'est retenu jusqu'à ce qu'il décide qu'il était temps de rejoindre les forces. Il a rejoint l'Armée.
Joe Pino s'est présenté au service actif le 10 octobre 1942, au centre de recrutement de la Rue de San Francisco à El Paso, au Texas. Des centaines de jeunes gens bons pour le service, certains appelés, d'autres volontaires venant de la région Sud-Ouest des Etats Unis, furent transportés par train vers El Paso.
De là, des camions de l'Armée ont emmené les hommes vers Fort Bliss dans la zone des hauteurs de Logan Heights. Des corps grands, petits, gras et maigres faisaient les cent pas au centre d'incorporation en attendant leurs affectations. Le début de la Seconde Guerre Mondiale a poussé des centaines de jeunes hommes à servir leur pays. Alors que les futurs soldats arrivaient à la base de l'Armée, ils reçurent immédiatement leur paquetage qui consistait uniquement de sous-vêtements, de pardessus, et de chaussures. Incapable de répondre à la demande en tailles peu communes, l'Army permettait à quelques recrues de porter leurs habits civils pendant quelques temps.
La vie à l'Armée était exigeante. Le réveil avait lieu à 5h du matin, un petit déjeuner léger à base d'oeufs brouillés, et de pommes de terre, commençait la journée. Après une période de repos de quinze minutes, les hommes étaient rassemblés en petits groupes et confiés à un sergent instructeur.
Marcher au pas et s'entraîner était à l'ordre du jour. La journée se terminait à 18h et après le dîner, les hommes étaient gardés en quarantaine dans une ville faite de sombres tentes, car la base était sous le statut de mise en quarantaine avec aucune lumière ni communication la nuit. La vie passée à Fort Bliss ne durait pas longtemps. Après une brève entrevue, les hommes étaient assignés à des tâches spécifiques en fonction de leur parcours professionel dans la vie civile. Joe avait choisi de voler. Il fut assigné au Corps Aérien de l'Armée.
Son affectation pour l'entraînement après son incorporation à Fort Bliss n'est pas connue. Les archives indiquent qu'il a terminé l'entraînement avancé en tant que mitrailleur embarqué à Meridan, dans l'Etat du Mississipi et qu'il a été affecté au 96e Groupe de Bombardement, une unité de la puissante 8eme Force Aérienne. Il a été affecté au 338e Escadron du 96e Groupe de Bombardement en Octobre 1943, sur la base 38, à Snetterton, en Angleterre.
Avec uniquement une courte période entre les missions Joe et ses amis ont créé un lien entre eux qui a duré pendant longtemps. Alors que la guerre traînait en longueur, les missions devinrent plus intense. Les equipages et les avions étaient affectés pour un total de vingt-cinq missions avant qu'une rotation ne soit envisagée. Vingt-cinq missions était aussi long qu'une vie entière. Les amis se faisaient et les amis étaient perdus Mais tout le monde attendait avec impatience la dernière mission appelée le "Tour des Roses".
Le Tour des Roses était une chose que peu d'aviateurs complétaient. Vingt-cinq missions au dessus d'un territoire ennemi était une éternité. Alors que les membres d'équipages se préparaient pour leurs missions, beaucoup de pilotes en avaient marre de voler dans des avions fraîchement arrivés, en particulier car es avions n'avaient pas encore été baptisés. Des noms comme Dame la Chance, Jolie Pépée, Dragon du Ciel et d'autres noms qui décoraient le flanc de l'avion étaient les symboles d'une force combattante et l'orgueil des escadrons. La superstition, cependant, était très présente au sein des pilotes et membres d'équipage. Beaucoup de pilotes portaient les mêmes habits pour chaque mission, d'autres s'assayaient à des endroits différents pendant les briefings préparatoires aux vols pensant que les membres d'équipages qui s'étaient assis dans l'une de ces chaises et qui n'étaient pas revenus de mission avaient la poisse. Cependant, d'autres avaient un grigri qui venait de chez eux. Joe n'était pas superstitieux, pour lui, une autre mission était juste une routine. Mais il avait une attitude protectrice avec son proche ami McIver. Il avait l'habitude de l'aider avec son équipement, l'encourageait à être courageux et lui racontant des histoires de sa ville natale. McIver était de l'Oklahoma. Jusque là Joe considérait que les missions précédantes avaient été faciles, il était confiant qu'il irait jusqu'au bout de son devoir. La sixième mission enregistrée au dessus de la France était pour lui un défi. Jamais dans ses pensées les plus folles n'avait il envisagé que quoi que se soit puisse arriver. Mais la guerre est imprévisible et l'inévitable est arrivé sur le 7e vol.
Alors que la Forteresse Volante commence à décoller pour sa septieme sortie, Joe et son copain McIver continuent de se préparer pour la mission. Ils parlent de ce qu'ils vont faire après que la mission soit terminée. C'était leur rituel habituel.
Ayant été désigné pour la position de mitraillage sur tourelle circulaire ventrale, la corpulence de Joe est bien trop large pour s'immiscer confortablement dans la petite section de la tourelle à mitrailleuses. Se tournant vers McIver, Joe lui propose d'échanger avec lui sa position. McIver accepte et Joe prend la position de tir sur la fenêtre de côté.
Aussi grand ait-il pu être, la Forteresse Volante B-17 était toujours un endroit inconfortable à occuper pour un long vol de huit heures. L'interrieur était couvert du sol au plafond de boîtes de munitions, de matériel de survie, de leur parachutes et des petits effets personnels que les membres d'équipage prennaient avec eux. Les soutes à bombes transportaient un assortiment de bombes allant des bombes incendiaires aux bombes à sous-munitions. Ces bombes de 500 livres laissaient un méchant trou dans le sol. La tourelle inférieure dans laquelle McIver était assis était construite pour une corpulence mince. L'échange de leurs positions de tir était non seulement une meilleure position de tir pour Joe mais une bénédiction cachée au moment où la mission a été brutalement interrompue. Les deux positions de tir de chaque côté du fuselage étaient exposées aux éléments tandis que les tireurs pointaient les deux mitrailleuses de calibre .50 à l'ennemi. Les mitrailleuses de calibre .50 étaient manipulées à la main tandis que le tireur plaçait ses organes de visée sur la cible à partir d'un simple anneau large de 2 pouces tandis que la cible croisait leur chemin.
Bientôt ils atteignirent la zone cible. Les cieux autour d'eux étaient couverts rendant la vue de la cible difficile. Leurs instructions, au cas où ils ne pourraient pas appercevoir la zone où ils devaient larguer leurs bombes de 500 livres, étaient de rentrer à la base. L'appareil récemment mis en service commença immédiatement à s'incliner sur la gauche en direction du chemin du retour.
Joe et McIver se demandèrent pourquoi il y avait un soudain changement de direction. Ils s'aggripèrent contre les parois du ventre de l'avion, se tenant aux boîtes de munition et autres équipements de survie dans l'avion. Aucun d'eux ne portait son parachute. Soudain, sans prévenir, une énorme détonnation se fit entendre alors que la Forteresse Volante pencha vers la gauche dans un soubresaut et explosa dans une boule de feu. La Forteresse Volante descend.

Life played a difflcult tune for him. Orphaned at an early age, he wrestled with the knowledge that his parents, during some desperate times in his childhood, were involved during the depression years in illicit endeavors. He became a loner since childhood separating himself from the turmoil of the depression years.
He fought the critic that came with his surroundings, emerging himself into a world of make-believe with his collection of comic books. He isolated himself from the stresses of those trying times and tried to gain a spiritual refreshment through self-evaluation.
As he joined his adopted parents, the solitude began to disappear and a sense of being close to those that loved him gave him a mix of happiness for once in his life. Rather than carry the guilt of his parents trade, he filled himself with school activities. Art was his mainstay and cartooning was his forte. But the distance to everlasting friendships was long. He would make friends but avoided the closeness of camaraderie. As his classmates recall, today he would choose his friends carefully.
It was not uncommon for Joe to sit all by himself while others would gather for a game of ball or conversation. Engrossed in his comic book artwork he could spend hours in a world of make believe. Students were poor and shared not only secrets but lunch as well for there was little to go around and having a sandwich to take to school was a luxury. Even after he completed school he felt a void in his life.
Joe Plno was a humble man. Perhaps his humbieness kept him from being recognized. He lived in a world of his own. He kept to himself most of the time not wanting to sociallze with anyone other than family. Very few people knew his moods and humor for he was within himself, a humorous man. He loved to draw. Despite his lack of formal education in graphics, his love for comic books as a youngster taught him many things.
Then the war came and pulled men and women from the neighborhood. Joe was soon to follow.
War struck in 1941. The call to duty practically emptied the streets of El Paso as young men volunteered to serve. Mothers cried as their sons went off to war. The Flores family cried too, for they had two sons that marched off to help the war effort. Joe kept to himself until he decided that it was time to join the service. He joined the Army.
Joe Pino reports for active duty October 10,1942 at the indoctrination center at San Francisco Street in downtown El Paso, Texas. Hundreds of able bodied young men, some drafted, others volunteers from the southwest region of the United States were transported by train to El Paso.
From there, Army trucks took the men to Fort Bliss in the Logan Heights area. Tall, short, fat, and skinny bodies paced the floor of the indoctrination center waiting for their assignments. The start of World War II prompted hundreds of young men to serve their country. As the future soldiers arrived at the Army base, they were immediately issued their Army clothing that consisted of underwear, overalls, and shoes only. Unable to meet the demand for extraordinary sizes, the Army allowed some recruits to wear their civilian clothes for a while.
Life in the Army was demanding. Reveille at 5:00 AM, a light breakfast of scrambled eggs, and potatoes started the day. After a fifteen-minute rest period, the men were assembled into small groups and assigned a drill sergeant.
Marching and exercise was the order of the day. The day ended at 6:00 PM and after supper, men were quartered in a dark tent city, for the base was under quarantine status with no Iights or communications at night. Life at Fort Bliss did not last long. After a short interview, the men were assigned to specific duties based on their civilian work history. Joe had chosen to fly. He was assigned to the Army Air Corp.
Joe’s training assignment is not known after his indoctrination at Fort Bliss. Records indicate that he completed advance training as an aerial gunner at Meridian, Mississippi and was assigned to the 96th Bomb Group, a unit of the mighty Eighth Army Air Force. He was sent to join the 96th Bomb Group Squadron 338th in October of 1943 in Station 38, Snetterton, England.
With only a short period between missions Joe and his friends created a bond between them that lasted for a long time. As the war lingered on, the missions became more intense. Crews and airplanes were assigned a total of twenty-five missions before rotation was considered. Twenty-five missions was a lifetime. Friends were made and friends were lost. But everybody looked forward to the last mission called “The Run of the Roses”.
The Run of the Roses was a thing few airmen completed. Twenty-five missions over enemy territory was an eternity. As crew members prepared for their missions, many pilots were weary of flying in the newly arrived aircraft, especially since the planes were not yet named. Names like Lady Luck, Pretty Baby, Sky Dragon and other names that adorn the side of the aircraft were symbols of the fighting forces and pride in their squadrons. Superstition, however, abound within the pilots and crew. Many pilots wore the same overalls in every mission, others sat in different places during the pre-flight briefings thinking that the crewmen that sat in one of those chairs and didn’t return was bad luck. Yet others had a lucky charm from back home. Joe was not superstitious, to him another mission was just another run of the mill. But he was protective of his close friend Mclver. He would help him with his gear, encouraged him to be brave and telling him stories of his hometown. Mclver was from Oklahoma.
So far Joe considered the previous missions to be easy, he was confident that he would complete his duty. The sixth recorded missions over France were to him a challenge. Never in his wildest thoughts did he even envision anything to happen. But war is unpredictable and the inevitable happened on the seventh run.
As the Flying Fortress begins to take off on the seventh run, Joe and his buddy Mclver continue to prepare for the mission. They talk about what they’re going to do after the mission is completed. This was their usual ritual.
Having been assigned to the ball gunnery position, Joe’s frame is much too large to fit comfortably in the small section of the gun turret. Turning to Mclver, Joe offers to exchange positions with him, Mclver agrees and Joe takes the side window gun position.
As large as it was, the B-17 Flying Fortress was still an uncomfortable place to ride in for a long eight-hour flight. The interior was covered from floor to ceiling with ammo boxes, survival gear, their parachutes and the minor personal effects the crew members took with them. The bomb bays carried an assortment of bombs from incendiary to scatter bombs. These 500 pound bombs left a mean hole in the ground. The bottom gun turret in which Mclver sat was built for a skinny frame. Their exchange of gunnery positions was not only a better firing position for Joe but a blessing in disguise as the mission comes to an abrupt end. The two gun turret positions on each side of the fuselage were exposed to the elements as the gunner pointed the two 50 caliber machine guns at the enemy. The 50 caliber guns were manually operated as the gunner set its sight on the target from a simple two-inch ring as the target moved across their path.
Soon they reach the target area. The skies all around them are overcast making it difflcult to see the target. Their instructions, should they not be able to visually spot the area where they were to drop their 500 pound bombs, were to return to base. The newly commissioned plane immediately begins to bank to the left heading home.
Joe and Mclver wonder why the sudden change in direction. They brace themselves against the belly walls holding on to the ammo boxes and other survival gear in the plane. Neither one of them was wearing their parachute. Suddenly, without warning, a huge bang is heard as the Flying Fortress tilts to the left and explodes in a ball of flames. The Flying Fortress goes down.